… Dès le Largo de la Sonate en do Majeur – qui ouvre le disque – l’atmosphère se fait limpide et apaisante ; le son perlé et continu du théorbe d’Evangelina Mascardi nous projette au creux d’une gondole glissant sur la lagune par un beau matin de printemps, alors que le soleil hésite encore à offrir toute sa chaleur, comme par timidité. Il prend le temps de déployer chacun de ses rayons pleinement, petit à petit, après le long sommeil hivernal ; ainsi font les musiciens qui dessinent chaque note avec une infime délicatesse, sans rien brusquer, laissant les timbres se mêler intimement, les dissonances s’épanouir. L’on sent le murmure du soleil, le clapotis des vaguelettes.
Isaure d'Audeville
Muse Baroque. Le magazin de la musique ancienne et baroque, 2009